Pas gentil, Kindle
Lun 10 octobre 2011
La semaine dernière, Amazon a annoncé la sortie de son Kindle à 99 EUR. La réputation du Kindle n'est plus à faire, on peut parier que la plus grande librairie du web tente de conquérir le marché du livre électronique hexagonal, marché qui reste, pour le moins, à prendre.
Je lis pas mal. Par périodes, certes, mais il m'arrive d'aller faire pleurer ma carte bleue dans les librairies du coin et d'empiler des romans - surtout des polars - sur ma table de nuit dans l'espoir de pouvoir rallonger les journées et me farcir 1000 pages avant que le sommeil ne me prenne.
En tant que geek affirmé et lecteur assidu, l'idée de pouvoir posséder un e-book m'était parue alléchante. Mais mon côté libertaire me fait détester les à-côté enquiquinants qui accompagnent ce medium... Les DRM.
Autre point très gonflant : la pauvreté du catalogue francophone. Franchement, si tu cherches ton auteur favori, même un auteur TRÈS CONNU (Pratchett, Tolkien, Asimov...) il y a de fortes chances pour que tu tombes sur une version anglaise, et pas française. Pour le reste, tu tombes sur tous les Jules Verne de la Terre, les Sherlock Holmes et quelques Agatha Christie. À ce rythme-là, le premier Ken Bruen de la série des Jack Taylor sera disponible en e-book quand ma fille sera en âge de le lire. Certes, je peux lire certains romans en V.O., mais pas tous. Et il y a pléthore d'auteurs francophones intéressants. Je ne vais quand même pas attendre qu'ils soient traduits en anglais pour pouvoir les acheter en édition Kindle, hein ?
Il y a pire. À force d'escalader mentalement ma bibliothèque à la recherche d'un auteur dont un des livres pourrait atterrir dans ma putative liseuse électronique. Et je suis tombé sur ça : La récup, par Jean-Bernard Pouy
C'est un roman que je possède déjà, et qui, ma foi est assez plaisant à lire. J'aime bien Pouy, depuis longtemps. Ce qui est alarmant au plus haut point, c'est le prix. Le PRIX. Regarde bien ! Regarde mieux !
- Édition de poche : 6,17 EUR
- Édition électronique : 11,99 EUR.
On me signale gentiment que le prix est fixé par l'éditeur, mais BORDEL C'EST IMPENSABLE !!! Un livre électronique, qu'on duplique au prix de quelques microsecondes et des poussières de milliwatts, qu'on met en page en une seule fois, à partir des maquettes utilisées pour le papier, qu'on n'a pas à transporter en avion / bateau / camion, ce livre pour lequel tous les intermédiaires ont été court-circuités ; ce livre coûte LE DOUBLE de son édition papier.
Les bras m'en tombent. Les coûts sont réduits, fondent comme neige au soleil... et le prix DOUBLE. Si le prix était le même, on pourrait affirmer que c'est à cause de la loi sur le prix unique du livre. Ou qu'on profite de la réduction des coûts pour généreusement rétribuer l'auteur, le parent pauvre de l'édition. Ben même pas.
Je ne comprends pas. Comment voulez-vous développer le livre électronique dans ces conditions ? Comment voulez-vous me donner envie d'essayer ce support pour autre chose que des livres tombés dans le domaine public ?
Chers éditeurs, chers distributeurs, cher Amazon : si vous voulez vraiment vous faire une clientèle de lecteurs, étoffez votre offre, cassez les prix, proposez quelque chose qui booste la lecture...
Là, on dirait que vous faites semblant de faire la promotion du livre électronique.