Forum des métiers

Sam 30 janvier 2010

Ce matin, je suis allé faire l'intervenant au 24ème Forum des Métiers, organisé au collège Saint-Bernard, à Bayonne. Durant trois courtes heures, j'ai pu exposer à des collégiens mon métier, et essayer éventuellement de les aider à faire leur choix. To be geek or not to be geek. J'avais volontairement pris le parti de ne prêcher aucune paroisse particulière : pas un mot sur le libre, pas un mot sur ma spécialisation. J'avais l'étiquette "développeur informatique" et elle suffisait amplement. Évidemment, il fallait essayer d'aborder tous les domaines accessibles au développeur, et ils sont vastes. Pour m'aider à construire une sorte d'argumentaire, j'avais essayé (seul, puis en compagnie de quelques IRCistes de toutes origines) de dresser une sorte de liste de "mots-clés" définissant les principaux axes de mon métier. J'ai pondéré et stocké ça dans une petite appli Django avec affichage dans l'ordre aléatoire ça donne quelque chose comme ça :

Nuage de mots

Quelques explications :

  • Feignantise : normal. Si on se casse (un peu) la tête, c'est pour ne plus avoir à s'emmerder par la suite. C'est fondamentalement parce qu'on en avait marre d'attendre les résultats d'un calcul qu'on a inventé le moyen de les faire plus vite et plus puissamment. Et si on a un outil qui permet de faire plus, ça alimente notre feignantise. Les Frameworks en sont l'exemple le plus criant de vérité : on a un bras de levier plus important et donc on peut aller plus loin que si on devait tout réécrire à chaque fois.
  • Anglais : parce qu'il me paraît essentiel de savoir lire et écrire en anglais pour pratiquer notre métier. Toute la doc est en anglais, tous les langages de programmation (à part peut-être Baguette on Snails) sont en anglais, et que si on veut discuter avec les développeurs du monde entier, on doit maîtriser l'anglais. On peut le regretter ou pas, mais c'est comme ça. L'anglais, c'est la lingua franca de notre ère. Et Google Translate est hors de question. Sans compter qu'on doit savoir communiquer, à l'écrit surtout, à l'oral souvent ; en français comme en anglais.
  • Curiosité : j'insiste à chaque fois sur ce point. Ce n'est pas une compétence qu'on acquiert, mais une sorte de formatage du cerveau. Un geek, c'est quelqu'un qui apprend. Tout le temps. Si on reste sur ses acquis, on est mort. Si on reste sur du plan-plan, on est dépassé. Ça m'aurait rendu malheureux de continuer à faire du VB4, du Cobol, du JCL, de l'ASP, du PHP. Et peut-être un jour, du Python. Les techniques bougent, les outils émergent, les wagons se choppent ou bien on reste sur le quai. Tristement.
  • Rigueur : indispensable aussi. On peut être bordélique, mais y'a un retour de bâton à moyen ou à long terme. Être rigoureux, c'est prévoir aussi à l'avance, anticiper. Se dire que dans six mois, si on revient sur son code, on va comprendre ce qu'il fait. Documenter, rajouter des commentaires et des remarques. Coder proprement, c'est aussi le moyen d'avoir un code maintenable (en correction comme en évolution)
  • Café : désolé, pas pu m'en empêcher.

Concernant le forum proprement dit :

  • Superbe organisation (bien rodée, 25 ans l'an prochain) et plein de monde. Des gamins avec ou sans parents, mais avec une grande qualité d'écoute.
  • Cent pour cent de mecs. Zéro fille. Aucune. À la fois prévisible et étonnant. Prévisible, parce que la filière scientifique et technique est traditionnellement masculine ; étonnant parce que je m'imaginais qu'en 15 ans, les mentalités avaient évolué, ne serait-ce qu'un peu, et qu'on verrait quelques filles nous questionner. Pourtant, les qualités requises par notre métier ne sont aucunement sexuées. Les points que j'ai évoqué ci-dessus ne sont ni l'apanage d'un genre, ni la tare d'un autre. Il faudrait vraiment se pencher sur la question. Je persiste : une fille est aussi bien armée qu'un garçon pour développer. Ou alors, il y a une autre explication : elles n'avaient pas besoin de nos conseils, elles étaient bien informées et elles iront directement dans les bonnes filières, sans hésiter. Mouais.
  • Environ 80% des jeunes que j'ai vu voulaient faire des jeux vidéo. Et les 20% restants ne savaient en fait pas ce que voulait dire le terme "développeur". C'est colossal, sinon. Des jeux, des jeux, des jeux, des jeux. Sans qu'ils sachent qu'il y a mille métiers qui gravitent autour de la conception / réalisation de jeux et de l'infime proportion de travailleurs informatiques qui fait effectivement partie d'un équipe qui fabrique ces jeux. Ah... c'est beau les rêves.
  • Sinon, j'ai vu quelques futurs geeks. Ils promettent au moins autant que la génération actuelle.