Fallait pas l'inviter

Sam 15 décembre 2007

Il est enfin parti, après près d'une semaine d'une visite houleuse et pour le moins controversée.
Gros bordel dans la capitale, des déclarations contradictoires (“oui on en a parlé” / “non on n'en a pas parlé” - “il achète pour 10 milliards d'EUR” / “Ah ben finalement, c'est trois fois moins”).
Je passe sur Rama Yade, qui est devenue la victime malheureuse de la liberté d'expression qu'on imaginait possible en France. “Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne...” Maintenant qu'elle s'est faite remonter les bretelles par le petit caporal, elle sait quoi faire.
J'avais entendu cette semaine Bernard Kouchner, qui s'est noyé tout seul dans sa real-politik, tiraillé entre son arrivisme consommé et l'affront idéologique représenté par la venue d'un ancien soutien aux mouvements terroristes.

L'interview donnée par Khadafi en milieu de semaine m'a fait penser que Sarkozy s'était fait piéger tout seul. En servant la soupe à Khadafi, il a dû mal calculer le pouvoir de nuisance de ce vieux renard du désert. Il pensait que la raison économique suffirait à faire taire le "guide" Lybien. Nenni. Il a passé son temps à se jouer des autorités internationales, à se foutre de la gueule des présidents étatsuniens en déjouant leurs coups tordus... il était naïf de penser que parce qu'on lui déroulait le tapis rouge, il allait ranger son AK-47 verbal.
Ça n'a pas loupé : il s'est confortablement assis sur le protocole et a humilié la France, l'Europe, les Droits de l'Homme et tout le reste.

Ce qui m'a fait penser à ce petit conte philosphique. On l'avait sorti pour les alliances RPR-FN, mais dans ce cas, c'est tout aussi pertinent :

Sur les bords d'une rivière, il y avait un scorpion qui voulait passer de l'autre côté. Il s'adressa alors à une grenouille :
- S'il te plaît, lui dit-il, prends-moi sur ton dos et aide-moi à traverser !
- Mais tu es fou, répliqua la grenouille. Si je te prends sur mon dos, tu vas me piquer, et je vais mourir !
- Ne sois pas stupide, répondit le scorpion. Quel intérêt aurais-je à te piquer ? Si je te pique, tu coules, et je meurs moi aussi puisque je ne sais pas nager.

Finalement, la grenouille se laissa convaincre, et elle entama la traversée avec le scorpion sur son dos.

Mais, au milieu du fleuve, la grenouille sentit la brûlure d'une piqûre et le poison engourdir ses membres.

  • Tu vois, cria-t-elle, tu m'as piquée et je vais mourir !
  • Je sais, répondit le scorpion. Je suis désolé... mais on n'échappe pas à sa nature.