Lettre ouverte à Gilles Fabio

Mer 28 février 2007

J'apprends via mEga que Gilles Fabio, alias Play a encore fermé son blog définitivement.
J'ai perdu le compte, mais je pense qu'on doit s'approcher de la dizaine de coupures en deux ou trois ans. Certaines plus longues que d'autres, mais elles ont malheureusement toutes des points en commun.

Je te décris le scénario :

  • Play (ré)ouvre un blog, premier billet rempli de bonnes intentions. "Le Troll ne passera pas par moi"
  • Insatisfait du thème, il le modifie une paire de fois. La blogosphère le félicite.
  • Il publie sur un coup de tête un billet bien senti sur un sujet controversé. Ça peut parler de n'importe quoi, du logiciel libre à la vie de tous les jours.
  • Les commentateurs s'en donnent à coeur joie, à qui mieux-mieux.
  • Le webmestre n'aime pas trop ça, essaie de s'expliquer
  • Une poignée d'imbéciles sent le coup venir, attaque personnellement Play, l'insulte, le dénigre, etc.
  • Fermeture du blog

Classique. Un peu trop, à mon goût. Gilles est un blogueur très intéressant, parce que tout l'intéresse. Quand il bûche un sujet, il ne le fait jamais à moitié. Il note et rapporte tout, il engrange des connaissances encyclopédiques, jusqu'à épuisement du sujet. Gilles est un passionné, un type qui brûle de curiosité et d'ingéniosité. Mais cette passion a un revers : il est à fleur de peau, et parfois il prend tout entier sur lui les réprimandes et les réflexions. Sa sensibilité est extrême. En le lisant, j'ai l'impression qu'il est sans arrêt sur le fil du rasoir, prêt à s'enthousiasmer ou à se désespérer totalement. Malheureusement, les crétins qui se permettent de lui balancer ces insultes le savent, en usent et en abusent.
Alors d'un coup, il décide de tout plaquer. Il en a le droit.

Le soucis ce que, une fois de plus, les gens qui l'apprécient (comme moi, par exemple) voient le fil ténu d'information se couper ; le contact est rompu, et même si le mail ou jabber existent, le blog était un bon moyen d'avoir, de temps en temps, un petit "ping" dans l'aggrégateur, histoire de savoir ce que l'ami Gilles devenait. Une genre de réponse à l'éternelle question qui me vient quand je pense à lui : "are you okay?"
Blogus Interruptus

C'est râlant, parce que je le redis : ce type a énormément de talent. Mais son immense boule de sentiments enflammés prend le pas sur la raison, brûle tout sur son passage, laissant une friche. En attente de revoir une nouvelle herbe remplacer le brûlis.

Le pire, c'est qu'il est vraisemblable que ce scénario se reproduise. Grand espoir, puis grand vide. Je n'en ai pas envie. Des solutions existent :

  • Un blog privé réservé à des gens que tu connais
  • la fermeture définitive des commentaires, ou alors sa modération a priori, pour éviter la conjuration des imbéciles
  • s'auto-censurer sur certains sujets, ou prendre des précautions oratoires avant de publier quoi que ce soit.

Je ne sais pas si tu réouvriras ton blog, mon ami. Je ne sais pas si ces solutions te conviennent. Peut-être que tu ne réapparaîtra jamais sur le WWW.
Ce serait, contrairement à ce que tu as dit, une grosse perte pour le web.

Je pense à toi.