Ah ben c'est non alors

Lun 30 mai 2005

[via la tévé]
Pourtant, je m'intéresse à la politique. Pourtant j'en ai vu des débats, et des argumentaires. Et j'ai même assisté en direct à un débat enflammé entre deux de mes amis sur le oui ou le non au Traité de Constitution Européenne.
Je l'avoue, j'ai pas lu ce fameux traité. Ingrokable, si tu veux mon avis.

He ben si j'avais voté, j'aurais pas su quoi dire. Les partisans du Oui ne m'ont pas convaincu, les partisans du Non me dégoûtaient profondément. J'ai particulièrement détesté la stratégie du FUD de l'équipe Chirac ("si le non passe ce sera la fin du mooooonde"), tandis que Villiers, le Pen et autres agitaient l'épouvantail Turc (qui à mon humble avis n'a absolument rien à voir avec ce Traité), sans oublier les rouges qui décrivaient ce Traité de Constitution comme libéral (ah bon ?), et je n'oublie pas que cette Constitution, c'est Giscard qui l'a voulue, et qu'il n'est pas à proprement parler un modèle de renouveau politique (il a accédé au sommet du pouvoir en 74, année de naissance).

Je crois que si le Non l'a emporté, c'est parce qu'apparemment PERSONNE n'a compris ce TRAITE. Et si personne n'a compris ce Traité, c'est qu'il n'y avait RIEN A COMPRENDRE.
La vraie fracture entre le politique et ses électeurs n'est pas tellement entre les partisans du "Oui" et ceux du "Non", je crois qu'il est dans la définition du projet européen. Petit à petit, l'Europe s'est transformée en une immense machine à directives et normes, une grosse Bertha bureaucratique, une tour de Babel dans laquelle les clivages politiques sont devenus de plus en plus flous. Et la seule chose qui pouvait sortir de cette méta-administration, c'était un TCE imbuvable, un texte que personne ne pouvait expliquer simplement. Je suis un partisan de la simplicité. Pas de la pureté, de la simplicité, du "zen". Zen, c'est simple.

Ca me rappelle la légende du noeud Gordien.
Ce noeud formé d'une corde attachait un joug. Et il était si complexe qu'on le réputait inextricable. Une prophétie annonçait que celui qui saurait défaire ce noeud deviendrait le maître de l'Europe (tiens tiens) et de l'Asie. Alexandre le Grand le trancha d'un coup d'épée, parce qu'il lui était apparu évident que la seule solution valable restait également la plus radicale.
Par la suite, Alexandre devint maître de l'Asie comme du Bassin Méditerranéen, accomplissant la prophétie. Certes, il mourut (vraisemblablement du paludisme) après avoir conquis une partie de l'Inde, une mort jeune (33 ans), un peu à la manière qu'il eûsse résolu le problème du Noeud Gordien.

Et si l'Europe était devenue un Noeud Gordien aussi ? Et si pour démêler cette corde il fallait trancher, à la bourrin ?
Moi, j'ai pas la réponse à cette question, en tous cas, elle a le mérite d'exister.